heure-ete.net
Association contre l'heure d'été double, pour la réduction des avancements de l'heure légale

Communiqué de presse - mars 2006

L'heure d'été : des économies imaginaires pour l'Europe, mais de vraies nuisances pour l'ensemble des Européens

L'Association contre l'heure d'été double (ACHED) continue à alerter les responsables français et européens, en insistant sur le caractère réel, important et couteux des problèmes de santé causés par l'heure d'été en Europe : difficultés d'endormissement (liées au retard de la sécrétion de la mélatonine, l'hormone naturelle du sommeil) et par conséquent fatigue pouvant entraîner des accidents du travail et de la circulation.

Ces difficultés ont été dénoncées dans l'ensemble des consultations d'opinion effectuées en Europe sur cette question. À ces problèmes de sommeil s'ajoutent la surconsommation de psychotropes (aux effets pervers redoutables, dont le suicide), l'augmentation des cas d'obésité, et d'autres effets néfastes, tels que l'exposition à des UV plus intenses lors des sorties l'après-midi, et l'action de niveaux plus élevés de polluants photooxydants, dont l'ozone, ce qui est confirmé par des études françaises, belges et américaines. Ces effets sont nettement accrus dans les pays à "heure d'été double" (deux heures d'avance en période "été" par rapport à l'heure du fuseau géographique) que sont la Belgique, l'Espagne et la France. Ainsi, la consommation de somnifères a augmenté de manière très importante dans ces pays, après l'introduction des systèmes de changement d'heure à la fin des années 70 (rapport Legrain).

Les souffrances causées par l'heure d'été ne sont pas des "maladies imaginaires", contrairement à celles attribuées aux Français par le président de la Commission européenne (lors de sa récente visite). Les préjudices induits par ce système (parfois minimisés parce que confondus avec l'effet d'un voyage aérien) ont été bien mis en évidence dans les études de plusieurs scientifiques européens, dont une équipe russe qui a effectué des observations pendant plusieurs semaines sur de jeunes enfants (Kundzhi, Agatova et coll.). Ces chercheurs ont appelé "désynchronose" l'effet de l'heure d'été, en raison des différentes modifications qu'elle induit sur plusieurs fonctions physiologiques vitales de l'être humain.

L'ACHED continue à affirmer, preuves à l'appui, que les économies d'énergie attribuées à l'heure d'été ont été quasiment nulles depuis l'origine, compte tenu des surconsommations induites, reconnues par les rapports de la Commission de l'UE. Ces économies d'énergie sont globalement imaginaires.

Certains technocrates français, comme ceux du Corps des mines, ignorent délibérément les surconsommations de chauffage d'intersaison et de trafic automobile, pourtant bien chiffrées en Allemagne et Belgique. Ils devraient se rendre à l'évidence et admettre la nécessité d'utiliser toute l'année des lampes efficaces, consommant cinq fois moins d'énergie que les lampes à incandescence pour un même éclairage. Avec ces lampes à basse consommation, l'effet d'économie de l'heure d'été pour l'éclairage est nécessairement cinq fois inférieur à celui correspondant aux lampes à incandescence, et devient pas du tout intéressant face aux surconsommations de chauffage entrainées par l'heure avancée. Cet hiver, l'ACHED a obtenu gain de cause face à l'ADEME (Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'énergie) puisque la Cour administrative d'appel de Paris a condamné cet organisme à verser 2000 euros à l'ACHED, suite à la non-communication d'un document relatif aux économies d'énergie.

Les Européens, et surtout les Français, privés d'un sommeil réparateur, souffrent d'un déficit chronique d'énergie. L'abandon des avancements de l'heure et la généralisation de l'éclairage efficace permettraient d'économiser à la fois l'énergie humaine, des dépenses de santé, et les énergies, fossile, nucléaire ou autres dans l'Europe toute entière. Dans la perspective du rapport européen de 2007 sur la directive "concernant les dispositions relatives à l'heure d'été", il est urgent que notre gouvernement se décide à redéfinir le système de l'heure légale française, afin de réduire son avancement exceptionnel, et le fasse savoir à ses partenaires.

Site d'information de l'ACHED : www.heure-ete.net

Contact presse

Éléonore GABARAIN, présidente de l'association
14, avenue de St-Germain
78160 Marly-le-Roi (France)
tél. 01 39 58 70 72
adresse électronique

Copie d'une lettre du Professeur René Loubet

Cette lettre avait été adressée en mars 1990 par le Professeur René Loubet, du Centre hospitalier régional et universitaire de Limoges, à Ségolène Royal, députée à l'Assemblée nationale. Elle constitue un excellent résumé du problème et de ses incidences sur la santé.

à Madame Ségolène Royal, députée à l'Assemblée nationale

Madame le Député,

Permettez-moi de vous féliciter et de vous donner tout mon appui pour la campagne que vous menez actuellement contre "l'heure d'été".

Comme une majorité de mes confrères, je reconnais chaque année, sur moi-même, sur de nombreux malades et dans mon entourage les effets néfastes de ce décalage horaire que rien ne justifie et que tout condamne, du moins sur le plan de la physiologie.

L'allongement inconsidéré et artificiel du jour avec les veillées tardives - le lever forcément précoce puisque nécessité par les horaires de travail, le décalage constant qui existe entre l'heure légale imposée et notre horloge biologique interne qui, elle, ne reconnait que l'alternance jour/nuit et des saisons, constituent un facteur de déséquilibre somatique et psychologique qui souvent n'est perçu qu'à la longue ou qui est dissimulé sous une pathologie d'apparence banale, non rapportée à sa véritable cause. Fatigue, insomnies, céphalées, troubles de la vigilance et de l'attention, sans parler des conséquences bien exposées par de nombreux pédiatres en pathologie infantile quotidienne. Ces états pathologiques, souvent "non expliqués" ou rapportés à des causes secondaires forment la longue traine de ce changement intempestif d'horaire. Il s'en suit une consommation médicale supplémentaire, des prescriptions de tranquillisants, d'hypnotiques, de tonifiants.

Nous ne sommes pas maitres de commander l'organisme ; nous n'avons pas la clé de la régulation de notre horloge biologique interne qui commande et régule nos sécrétions endocrines. Bien sûr, l'organisme fait comme toujours un effort d'adaptation mais souvent au prix d'une pathologie dite mineure mais individuellement pénible et socialement onéreuse.

Mon âge fait que j'ai déjà connu pendant l'Occupation allemande un horaire semblable imposé pour des raisons de communication facile entre l'Atlantique et la frontière est de la Pologne ; je déplore d'avoir à connaitre encore aujourd'hui, dans des circonstances heureusement fort différentes, semblable contrainte.

Bien sûr, je ne suis pas qualifié pour juger des éventuels avantages économiques tirés de cette avance horaire ; d'après mes informations, je pense qu'actuellement, le bénéfice est mince sinon nul, en tout cas sans aucune mesure avec les désordres individuels et désagréments qu'engendre cette regrettable législation.

Depuis à peu près sa fondation, j'ai adhéré à l'Association contre l'heure d'été ; j'espère que ses efforts entendus par des personnalités telles que vous et les instances ministérielles compétentes permettront le plus rapidement possible d'obtenir l'abrogation de cette mauvaise mesure.

Avec mes remerciements pour l'appui que vous apportez à cette cause, je vous prie de bien vouloir agréer, Madame le Député, l'expression de mes sentiments très respectueux et de ma haute considération.

Signé : Professeur René Loubet